
J’ai récemment remarqué que mon blog manque de photo… En voici une d’Annie et d’un otarie, faisant rencontre sous l’eau près de l’Ile Hornby en Colombie-Britannique.
Dr. Annie Prud'homme Généreux est membre de la faculté et coordinatrice des cours de sciences de la vie à l'université Quest, à Squamish, Columbie-Britannique, Canada. Son blog est un commentaire sur la biologie qui infiltre nos vies à travers les films, les livres, les journaux, et nos expériences et observations quotidiennes.

Aucun pèlerinage ne s’avérait nécessaire pour moi cette année, puisque je demeure à Squamish depuis l’été. Afin de m’intégrer à ma nouvelle communauté, je me suis inscrite au programme "Eagle Watch", qui est organisé par les membres de la communauté et complètement supporté par des bénévoles. Une digue, construite sur les bords de la rivière Squamish, constitue un site parfait pour l’observation… Une journée où les aigles sont au rendez-vous, les visiteurs peuvent en observer jusqu’à 600. Les bénévoles ajustent les lunettes d’approche misent gratuitement à la disponibilité des visiteurs et répondent à leurs questions. Pour ma première expérience dans leur équipe, à titre de naturaliste, j’ai été très impressionnée par le dévouement de cette équipe, des organisateurs ainsi que par l’enthousiasme des visiteurs. Ceux-ci m’ont rappelé à quel point je suis chanceuse de vivre ici. Il y a aussi d’autres raisons de se porter bénévoles à ce programme. L’année dernière, parmi les visiteurs, on a pu voir Cameron Diaz et Justin Timberlake – qui revenaient de leur voyage de ski à Whistler!
Les humains viennent à Squamish afin de voir les aigles...mais qu’est-ce qui y attire les aigles ? Eh bien, ils arrivent chaque année pour se régaler des saumons qui remontent la rivière Squamish afin de frayer. Les saumons deviennent alors pour eux des proies très faciles, une manne abondante de nourriture.
Après ma graduation, j’ai décidé de m’établir en Colombie-Britannique. Ce ne sont pas les vues époustouflantes de montagnes aux sommets enneigés, la quiétude des forêts brumeuses avec leurs énormes arbres, le mode de vie détendue de la côte ouest, ou la cuisine asiatique alléchante de Vancouver qui m’ont gardé ici. J’ai découvert les joies de la plongée sous-marine il y a de cela bientôt huit ans. La côte ouest de l’Amérique bénéficie de courants marins qui enrichissent les eaux de nourriture et de nombreux animaux. En fait, la quantité d’animaux est parfois si grande qu’on ne peut voir les roches sur lesquelles ils se sont établis.
La première fois que j’ai fait de la plongée (et par pure coïncidence, c’était près de Squamish, l’endroit où je demeure depuis peu), ce qui m’a le plus frappé , c’était l’impression de visiter une autre planète, où les habitants me semblaient provenir d’au-delà du réel. Comme l’attraction terrestre n’existe quasiment pas dans l’océan, le corps des animaux marins n’a pas été conçu en fonction de ce paramètre. Pareillement, puisque la nourriture et l’air flottent dans l’eau, leurs systèmes respiratoire et digestif sont très différents de ceux des animaux terrestres. En pensant que la plupart des humains n’ont jamais eu l’opportunité d’observer ces animaux dans leur élément naturel, que la plupart des gens ne se doutent pas de ce qui existe juste en dessous de la surface de l’océan, et même que nos visites sous-marines n’étaient pas possibles jusqu’à très récemment (avant le développement de la technologie SCUBA), je me suis sentie très privilégiée d’avoir eu cette expérience.
Vous avez sûrement déjà entendu dire qu’une des raisons pour laquelle la jungle tropicale de l’Amazonie devrait être préservée est qu’il se peut qu’un animal ou une plante qui vive dans cet environnement détienne la clé pour guérir le cancer. On pourrait se référer à ce même argument pour défendre la préservation des animaux de l’océan. Les limaces de mer et les éponges sont de véritables chimistes : ils sécrètent des produits chimiques qui n’existent nulle part ailleurs, afin d’éloigner les prédateurs potentiels. Ces produits chimiques pourraient avoir des qualités thérapeutiques.
J’encourage la préservation de nos océans pour la simple raison que les animaux qui y vivent sont superbes et ont le droit d’exister. Mais pour ceux qui sont plus pragmatiques et qui ont besoin de valeurs concrètes afin de justifier la préservation des océans, rappelez-vous que le médicament pour guérir votre future maladie pourrait provenir de l’océan…