Permettez-moi tenter un tour de force en reliant le sujet de ma dernière entrée sur ce blog, les aigles à tête blanche, avec l’évènement attendu du mois de février – c’est-à-dire la Saint-Valentin.
DDT est le Lien
Les années 50 ont vu l’apparition d’un nouveau produit chimique, le DDT (dichlorodiphényltrichloroéthane), qui charma par sa capacité de tuer presque tout insecte et trouvait des utilités dans une myriade d'industries – de l'agriculture aux traitements contre les poux. Malheureusement, comme tout ce qui semble trop beau pour être vrai, cet insecticide ne s’avère pas… aussi magique qu’on a pu le penser au début. Son usage est maintenant complètement interdit en Amérique du nord. On s’aperçût de ses effets néfastes quand le nombre d'aigles à tête blanche a commencé à diminuer de façon alarmante aux Etats-Unis. Le lien fut vite découvert entre le DDT et la fragilité des coquilles d'œuf des aigles, fragilité qui causait un haut taux de mortalité d’embryons. La population d'aigles a frôlé l’extinction mais, heureusement, le problème a été découvert à temps et les aigles repeuplent aujourd’hui nos forêts.
Le DDT affecte le comportement sexuel des animaux
Le DDT a aussi des effets sur le développement et le comportement animal. Dans le corps de plusieurs animaux, il est confondu avec l'estrogène (l’hormone sexuelle femelle). En Californie, sur un site fortement contaminé par ce produit chimique, plusieurs goélands mâles ont développé des oviductes (typiquement un organe reproducteur femelle). De plus, de nombreux mâles n'ont pas participé à la reproduction de leur espèce, n’exprimant aucun des comportements sexuels habituels pour attirer le sexe opposé. La rareté de mâles reproducteurs causa un problème pour le soin aux bébés goélands. Une famille monoparentale peut être difficile pour le parent, alors les femelles ont adoptés une autre stratégie. Quelques paires femelle-femelle se sont formées afin de soigner les jeunes, les soi-disant « mouettes lesbiennes ». (Ref. : Frire & Toone, 1981). Si vous pensez que cela est intéressant, lisez cet article de la BBC au sujet d'un polluant écologique similaire qui transforme des ours polaires en de mammifères hermaphrodites (ayant les organes sexuels mâle ET femelle !).
Votre Problème ?
Le DDT ne se décompose que très très lentement dans l'environnement… et, malgré son interdiction aux Etats-Unis depuis 1972, on peut encore le détecter dans la plupart de nos corps (oui, VOTRE corps aussi – au fait, 4 politiciens canadiens ont récemment été testés pour le taux de pollution contenu dans leur corps et les résultats ont démontrés que tous sont contaminés. Le lien du reportage de CTV est ICI). On pense que le DDT affecte le comportement sexuel de nombreux amphibies, reptiles, oiseaux et mammifères, mais la grande question que tout le monde se pose est : affecte-t-il NOTRE développement et NOS comportements sexuels ?
L’Homme – en voie d’extinction?
Dans le récent film « Le Fils de l’homme », l'espèce humaine, stérile, mène la population au désespoir et à l'effondrement de toute civilisation. Science-fiction ou aperçu de notre avenir ? L'incidence de cryptorchidisme chez les hommes (une condition où les testicules ne migrent pas vers le bas après la naissance – un développement vital puisque les testicules ont besoin d'être à une température légèrement plus basse que le corps pour assurer la survie des spermes) est en hausse, doublant depuis les années 50 (Ref. : Carlsen et al., 1992). Le cancer testiculaires a triplé depuis 50 ans (Ref. : Giwercman & Skakkebaek, 1992). Le compte de spermes semble à la baisse dans toutes les populations humaines (Ref. : Carlsen et al., 1992). Le lien entre ces observations et les produits chimiques ressemblant à l'estrogène, qui polluent actuellement tous les écosystèmes, alimente présentement de grands débats. Il faut vite découvrir si ce lien existe vraiment !
Des aigles et des hommes
Le DDT a failli causer l’extinction des aigles : sommes-nous les prochaines victimes ? Davantage d'études sont requises mais, pour moi, les recherches démontrant que les polluants écologiques affectent le comportement sexuel de nombreuses espèces animales me laissent perplexe et humble. Les humains font partie de cette biosphère – nous ne pouvons lui échapper. Donc cette Saint-Valentin, alors que vous célébrez vos comportements sexuels encore intacts, prennez un moment pour reconnaître le fait que chaque morceaux de chocolat que vous ingérer contient des traces de DDT… qui ont peut-être le potentiel de changer votre comportement lors de la prochaine Saint-Valentin…
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1 commentaire:
Good for people to know.
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